De retour sous les tropiques, de retour au
turbin, réouverture de ma boite mail…C’est désespérant : quelqu’un a eu la
bonne idée de débattre d’un sujet abordé en commission d’établissement à savoir l’accueil des étudiants. Pas les
externes, non, ça serait surprenant que des PH s’intéresse aux externes, les
pauvres. Non, plutôt les étudiants au collège, curieux, qui veulent venir voir
ce qui se passe à l’hôpital.
C’est bien pour eux, c’est important de susciter en eux soit la vocation soit le dégoût. Soulever le débat est une
bonne initiative. Par contre, que tout le monde fasse « reply all »
…comment dire…et que la lenteur de l’ordi soit proportionnelle au nombre de
répondeurs…ça a le don de m’énerver au retour de vacances.
Sauf que ce n’était pas des vacances :
j’étais parti récolter des données pour le prochain article que je devrai
publier dans une grosse revue. Pourquoi faire me demanderez-vous ? Et
bien, il y a plusieurs réponses possibles :
Soit par vanité : j’ai une des plus
grosses bases de données mondiales sur le sujet, la moindre des choses serait
de la montrer à tous. Çà serait pour satisfaire mon penchant exhibitionniste.
Ou alors par humilité à l’idée que la
contribution de mon étude puisse apporter sa petite pierre à l’avancée de la
science.
Ou peut-être par vengeance en me disant que les
résultats de mon étude sont contradictoires avec toutes les données
précédentes, que je suis plus fort que vous tous réunis malgré toutes les
embuches que j’ai eu pendant la rédaction de la thèse et que je vous emmerde.
Personnellement, je préfère aborder la
publication sous l’angle, sain je l’espère, de la confrontation auprès de mes
pairs, pensant que j’ai bien travaillé, je souhaiterais avoir l’opinion et la
critique constructive de spécialistes du monde entier. Du coup, ça donne envie
de vraiment montrer un excellent travail. C’est stimulant !
Le seul problème c’est que je dois attendre
les données qui sont centralisées en métropole. Alors je ronge mon frein et mes
ongles. Que pourrais-je faire pour faire avancer le Schmilblick ?
« _Cher Professeur A.
En attendant les nouvelles données, je
souhaiterais avancer dans la rédaction du futur article. Je peux donc vous
proposer une introduction et une méthodologie. Je ne peux pas rédiger le reste
puisque j’attends de terminer les stats. Je peux vous laisser le soin de la
conclusion.
Qu’en pensez-vous ?
Cordialement
Georges. »
Çà me semblait pas mal comme email. Pressez
« Envoyer ». J’attends la réponse.
En attendant, je poursuis les explorations à
l’hôpital accompagnée de Lola.
« Alors ? quoi de neuf ?
_ C’est à dire ? A quel niveau ?
professionnel ?
_ Oui, entre autre, vas-y, commence par le
professionnel.
_ Bah, mon boulot est aléatoire. Tantôt c’est
trop calme et je m’emmerde même si c’est intéressant, soit c’est hyper actif et
je n’ai le temps de rien faire d’autre.
_ Ah ! on y arrive. Le « autre »
justement…
_ Le sentimental c’est ça ?
_ Aaaaah ! vas-y balances.
_ Je ne savais pas que ça t’intéressait, on a
passé un cap.
_ Oui, à force de voir que t’es un mec bien
doublé d’un médecin potable, ça donne envie de gratter la surface.
_ Ah bon ? je suis un médecin
potable ?
_ Oui, ou plutôt tu n’es pas un connard.
_ C’est à dire ?
_ Bah tu sais : un égocentrique, un
manipulateur…tu vois ?
_ Donc, puisque je ne suis pas un connard, tu
t’intéresses à ma vie sentimentale.
_ Oui, c’est ça. J’ai envie de savoir quel est
le repos du guerrier, dit-elle avec un sourire en coin et un regard de braise.
_ Eh bien le repos n’est pas brillant.
_ Ah bon ? un mec comme toi ! avec
une aussi jolie paire de fesses ?
_ De quoi ?
_ Ne me dis pas que tu n’as pas remarqué que
toutes les infirmières et les internes de médecine te matent le cul dans ton
dos.
_ Bah non, je n’ai pas remarqué, je n’ai pas
d’yeux dans le dos.
_ Tu devrais, ça t’apprendrais plein de trucs.
_ Comme quoi ? comme qui surtout !
qui est-ce qui me mate les fesses ?
_ Ah ah ! tu me donnes quoi en échange de
cette information ?
_ Un an de café.
_ Non, ça tu me le dois déjà.
_ Zut…euh…si il se passe quelque chose, je te
raconte.
_ C’est bien, ça.
_ Mais au fait, je ne te dois rien !
pourquoi c’est moi qui devrais te raconter ? toi aussi faut que tu me
racontes ta vie sentimentale !
_ Non. Jamais.
Elle s’est refermée immédiatement, en un
instant, la porte vers ses sentiments était fermée. Je me suis rattrapé aux
branches comme j’ai pu.
_ Donc en fait, il ne se passe pas grand chose
en ce moment.
Patience…elle boude…elle s’y intéresse
réellement ou pas ? … que va-t-elle faire ?
_ Et les internes, tu n’as pas envie de les
aborder ? dit-elle avec un air de connivence.
_ Mmm…mouais…non, pas envie.
_ Non mais oh ! tu vas pas faire la fine
bouche, non plus ! et puis, je sais pas ce qu’il te faut ! il y a une
flopée d’internes dans cet hôpital. Tu ne vas pas me dire qu’il n’y en a aucune
qui t’intéresse.
_ Bah non, aucune ne m’accroche vraiment.
_ Tu veux dire que qu’il n’y a rien de rien de
rien dans ta vie sentimentale ?
_ Non, je ne dirais pas ça.
_
Aaaaaah ! raconte ! faut vraiment t’arracher les vers du nez.
_ J’ai eu quelques histoires, surtout des
ratés, des « il aurait pu se passer quelque chose » mais jamais de
véritable relation de longue durée malheureusement.
_ Pourquoi ? t’as enchainé les plans
culs ?
_ Non non, parce que l’occasion ne s’est
jamais présenté, parce qu’à chaque fois, la distance, les circonstances…je n’ai
jamais pu faire durer une relation au delà de 6 mois.
_ Sans déconner !
_ C’est la vérité.
_ Bon, je vais te remettre en selle. Avant la
fin de semaine, je te case avec quelqu’un.
_ Non ! je ne peux pas, j’ai une course à
faire dans 10 jours, faut que je m’entraine.
_ Il ne te faut que 10 jours pour préparer une
course ? te fous pas de ma gueule ! ne trouve pas d’excuses bidons
pour ne pas aller chasser la petite interne.
_ C’est pas une excuse ! faut que je me
couche tôt, que je coure 3 fois par semaine, que je mange plein de pâtes et de
riz, que je ne boive pas d’alcool…
_ Oui ok, pendant 10 jours tu vas être pas drôle. C’est pas le meilleur moment pour draguer en effet.
_ Merci.
_ Mais après tu t’y remets ! d’accord ?
_ Chef oui chef !
_ Bon, finit ton café et va retourner
bosser. »
Le lendemain matin, 7h, je chausse mes
chaussures de sport, je branche mon capteur, je sélectionne la playlist de mon
lecteur, j’enfile mon sac à dos qui contient une gourde et je sors de chez moi
en courant. Je suis la route qui longe la mer en écoutant Norman Greenbaum et je me rappelle tous les conseils que j’ai
eu au fil des ans. Suis ton propre rythme, ne te calque pas sur le rythme des
autres. Ne te fatigue pas, ménage toi, économise toi pour les moments où il
faudra donner un coup de bourre, les montées par exemple. Respire
régulièrement, de grandes inspirations, de grandes expirations. Boit toutes les
5 minutes, de petites gorgées.
Dans les montées, respire fort et vite. Le
repos après l’effort fait toujours partie de l’effort, il faut continuer à
respirer fort jusqu’à ce que le rythme cardiaque redescende. Mais
surtout ! fais-toi plaisir.
Sens la brise contre ton visage, écoute les
vagues se briser contre les rochers, sens les embruns contre ta peau luisante
et l’odeur d’iode qui se mêle à celle de ta sueur. Ressens tes muscles, tous tes muscles se contracter, se
détendre, deviens une machine bien huilée.
Passées les 20 premières minutes, passé le
premier coup de fatigue, les endorphines se libèrent, l’euphorie monte. Passé
une demi-heure, je me sens en pleine forme. A 45 minutes, la douleur revient,
le cerveau prouve sa supériorité. A 1 heure, courir devient une drogue. Au
delà, le corps n’existe plus.
Aujourd’hui, je ne cours que 30 minutes. Je
courrai 1 heure ce weekend. Je pense à bien m’étirer, je bois un demi-litre
d’eau plate et un demi-litre d’eau pétillante. La boucle est finie, de retour
chez moi, une bonne douche. Sentir l’eau froide sur mon corps encore échauffé
par l’effort est un bonheur extrême. J’en profite pour faire un gommage.
Le petit déjeuner pris après ma petite séance
de sport est le meilleur du monde. Il a trois fois plus de goût et il est dix
fois plus nourrissant. Je commence par 2 fruits de la passion, suivi d’un tiers
de baguette avec beurre et confiture de coings et je finis par mon fameux riz au lait
canelle-orange (je vous donnerai la recette si vous êtes sages) tout ça dilué
dans un bon petit thé vert Sensha fumant. La journée peut commencer
sereinement.
C’était sans compter sur Pr A.
« Cher Georges.
Oui, c’est une bonne idée d’avancer dans la
rédaction. J’attends toujours les résultats que doivent me renvoyer les
cabinets de radiologie. Je te les envoie dès que je les reçois.
Pour l’instant, tu peux en effet m’envoyer un
premier draft du futur article la semaine prochaine. En anglais, of
course. »
Ni merci, ni merde. Super. J’ai une semaine
pour rédiger la moitié d’un article médical dans la langue de Shakespeare, soit
environ 1500 mots sans erreur, avec les bonnes références d’articles et les
bonnes formulations.
Tant pis, il va se gratter, j’ai d’autres
priorités. Je lui pose un lapin épistolaire et je me concentre sur ma course,
on verra l’article plus tard.
Le jour fatidique arrive.
Ce sera une course de 35 km avec 2000m de
dénivelé positif. La moitié du chemin se fera sur des gros galets. Pourvu qu’il
n’ait pas plu dans la nuit sinon ça risque être casse-gueule.
Je me lève tôt, 2h du matin, 1h de route, 1h
de préparation, départ à 5h du matin. 800 coureurs.
Lors de ma dernière course j’avais parcouru 90km en 30 heures, soit 3km
par heure. Étant donné que je me suis entrainé, j’espère que mon niveau s’est
amélioré. Normalement, je devrais être passé à une moyenne de 5km/h. Je devrais
donc finir la course en 7h. L’enregistrement se finit à 13h, donc après 8h de temps de course.
L’objectif est de finir dans les temps, pas de
courir comme un dératé. Je suis large, j'ai une heure de marge.
L’excitation avant course est unique. Ce n’est
pas celle qui nous prend à l’estomac avant un examen. Ce n’est pas non plus
celle avant de monter sur des montagnes russes, ni ce moment de flottement entre
l’habillement complet et la nudité totale qui précède la fusion de deux corps.
C’est une espèce de moment de vigilance extrême, de conscience totale de chaque
muscle de son corps, un sentiment d’être entièrement prêt.
A ce moment là, je me sens comme Tony Stark
lorsqu’il enfile pour la première fois son armure et qu’il essaye de faire bouger toutes les pièces
mobiles.
J’ai tout dans mon sac à dos : 2L d’eau,
des raisins secs, des barres de céréales, de la vaseline pour les zones de
frottement (un peu comme si Ironman se mettait de l’huile dans les jointure
pour éviter que ça grince), un Kway, mon dossard sur le torse et une lampe frontale
sur la tête.
Le départ est sonné. Je vois tout le monde me
dépasser, tout le monde se précipite vers la ligne d’arrivée qui est si loin.
Mais pourquoi ? je continue à mon rythme, je garde mes œillères, comme un
cheval de course de fond.
Au bout de 3km, je suis conforté dans mon
attitude : je dépasse tous ceux qui m’avaient doublé au départ, ils ont
ralenti, certains se tâtent le flan, certainement un point de côté.
Premier check point : je suis 700ième.
Correct. Pour l’instant, c’était du plat, la première montée commence. Les
rochers sont secs. Ouf. Premier sommet, je fais une pause pour admirer la vue.
Dans la première vallée, un ruisseau a
débordé : il a plu dans la nuit. Impossible de faire autrement que de
mettre les chaussures dans l’eau. Les rochers, même secs, sont désormais
glissant. Et entre les rochers, il y a la boue répandue par tous les coureurs
précédents. Super. Une patinoire de terre et de pierre.
Chaque pas est donc mesuré, pesé, réfléchi. Si
je ne me cale pas bien, je glisse. Si je pousse trop fort sur ma foulée, je
glisse. Si mes enjambées sont trop longues, je glisse. Ce n’est pas très
fatiguant pour les pieds mais bien pour le cerveau. Allez, plus que 3 montées
et descentes et après, je retrouve le plancher des vaches, normal, de l’herbe
toute bête et après, du goudron, et ensuite, de la forêt pour finir sur de la
piste. Le plus dur c’est maintenant, après ce sera facile. Reste calme,
économise toi.
C’est au moment où je suis le plus concentré
qu’un concurrent me claque la main dans le dos et me lance :
« Salut Georges, je ne savais pas que tu
faisais du sport.
_ Oui bonne chance.
_ Oh il n’y a pas de chance là-dedans :
je m’entraîne tous les jours. »
Et le voilà déguerpir, voltigeant comme un
cabri sur les cailloux traitres.
Respire, reste calme, ne fais pas de folie
dans ce relief, tu risque le regretter. Fais abstraction du fait qu’il t’ait
piqué ta copine. C’est un connard, ne l’écoute pas, il te provoque sciemment.
Ne te fais pas prendre. C’est qu’un connard, c’est vrai, il t’a collé des
cornes de cocu mais c’est du passé. De l’eau est passé sous les ponts et sur
les cailloux aussi. Non, c’est rien qu’un connard. Il va perdre parce que c’est
rien qu’un connard de chirurgien. Mais pour qui il se prend ce connard !
Je ne vais pas me faire battre par un connard ! Merde !!!
Alors on est d’accord, ce que j’ai dans les
jambes ne reflète pas du tout ce que j’ai dans le cœur ni dans le cerveau. Je
dirais même que Clément part gagnant de ce point de vue là : il a toujours
été sportif, pas moi, et l’esprit de compétition est inhérent à la profession
de chirurgien. Soit. Et surtout, son comportement sexuel n’a rien à voir avec
ses qualités de sportif. Autrement dit, un bon coureur de jupon n’est pas
toujours un bon coureur de fond.
D’ailleurs, la course de montagne n’est pas
une compétition mais une course contre soi-même, un dépassement de soi et pas de
l’autre. Le battre à la course ne servira pas à montrer une quelconque reflet
chevaleresque de mon cœur face à sa goujaterie grasse.
Mais là, sur le coup, je n’en ai rien à foutre.
Je vais lui foutre sa branlée, un point c’est tout ! Pour quelle raison ?
aucune ! pour le plaisir de le battre à la course. Et je vous
emmerde !
Pendant un bon kilomètre, nous faisons la
course côte à côte. A l’ascension suivante, il prend un peu d’avance.
Zut ! dans la descente, je prends des risques inconsidérés pour le
dépasser. Cette fois c’est moi qui ai de l’avance.
Il me rattrape dans la vallée et reprend
l’avantage dans la montée. Qu’à cela ne tienne. Je renforce ma respiration,
j’augmente mes foulées, je le rattrape au sommet et je prends encore plus de
risques : au lieu de marcher vite sur les pierres pour éviter de glisser,
je coure carrément, je calcule à la vitesse de l’éclair où poser mon pied
gauche avant même d’avoir posé le droit, et ainsi de suite. Je file, je
m’envole, je prends le large.
Dernière montée : pas de signe de vie, je
l’ai séché. Mais pas question de se reposer sur mes lauriers. La partie
goudronnée arrive, j’ai l’intention de faire valoir mes heures d’entraînement
en ville. Je passe dans ma tête The eye of the tiger, je fais de grandes enjambées, je balance
les bras, je respire profondément et je prends mon rythme de croisière.
Deuxième check point : 600ième. C’est bien, continue comme ça.
Au bout de 5km, la pression redescend, la
motivation baisse. Il me faut un autre combat, l’ascension dans la forêt arrive
et j’ai besoin d’avoir la gnake. Je cherche mais non, personne ne m’énerve en
ce moment. Le sport a la faculté de me faire tout relativiser, de m’apaiser, de
me permettre de faire le tri entre l’essentiel et le superflu.
Par exemple, je suis un peu attristé de m’être
éloigné géographiquement de ma meilleure amie Milène. Mais en parallèle, je
suis heureux de gagner une nouvelle amitié avec Lola.
D’ailleurs elle a raison. Qui me fais vibrer
le cœur en ce moment ? personne. Il faudrait que je me trouve quelqu’un
tout de même. Oui mais qui. Personne ne me fait palpiter ici. Alors qui me
faisait palpiter en métropole dernièrement ? Fenouil. Oui, ça serait
une bonne idée que je la recontacte. Allez, la prochaine fois que je vais en
métropole…bah d’ailleurs, ça devrait pas tarder avec Pr A. tel que je le
connais il va me demander une entrevue en tête à tête pour discuter des
résultats et de l’article.
Mais pourquoi est-ce qu’il m’emmerde autant
avec ses objectifs à court terme ? A quoi ça lui sert d’avoir le premier
jet de l’article dans 1 semaine alors que le temps que sa partie et celle des
radiologues soient rédigées, le temps que ce soit soutenu et accepté, il se
passera au moins un an. Quel est l’intérêt de me mettre la pression aussi
tôt ? Et pourquoi est-ce qu’il a essayé de m’humilier comme ça pendant ma
soutenance de thèse ?
Et pourquoi est-ce qu’il tenait absolument à
avoir ma base de données maintenant alors que pendant toute ma thèse il n’y a
pas jeté un seul regard ?
Non mais quelle espèce de connard en fait
!!! ça y est ! j’ai envie de lui casser la gueule ! c’est bien
ça. Je cours plus vite mais j’ai perdu ma concentration : mes pas me
fatiguent et ma respiration est saccadée.
Respire, reprends-toi. Calme toi. C’est un
professeur, il doit avoir de l’expérience dans la rédaction d’articles et il
sait certainement mieux que toi comment faire. S’il te demande de prendre de
l’avance c’est certainement pour une raison.
Quant à ta base de données, elle est très
importante, ultra riche, pleine d’informations qui valent de l’or ! il y
a moyen de faire plusieurs articles médicaux avec. C’est normal qu’il s’y intéresse.
Oui mais non justement. Mon travail vaut de
l’or et oui, il y a moyen de rédiger au moins 3 articles avec. Il est hors de
question que je la lui cède comme ça. Il me semble indispensable d’avoir la
garanti que si je lui donne mes tableaux et qu’il s’en servira dans des
publications, il faut qu’il me promette d’inscrire mon nom comme co-auteur de
l’article.
D’ailleurs, quels sont mes droits en matière
de publication médicale ? c’est mon travail mais c’est issu de dossiers de
patients de son service à lui. Est-ce que les données appartiennent aux
patients ? Est-ce qu’en étant hospitalisé dans un CHU, on accepte automatiquement
que notre dossier fasse partie d’une étude médicale ? et si non, est-ce
que toute ma thèse a été rédigée sans l’accord des patients. Merde, je me sens
mal à l’aise d’un coup. Il faut que je me renseigne.
Donc, dès que je finis cette course, je
rappelle Fenouil, j’appelle un juriste et je rédige mon article en anglais. Ça
y est, la détermination revient. Je me sens fort à nouveau, je reprends le
contrôle de moi-même. Je peux aborder la fin de la course en toute sérénité.
Ça s’est d’ailleurs très bien passé. Une bonne
foulée, bonne respiration. Troisième check point : 500ième. Ok,
maintenir le rythme, ne pas faiblir, ne pas regarder la montre, ce n’est pas le
but. Le classement, on s’en fout, il faut juste finir la course en bon état,
contrairement à la dernière fois.
Je continue donc à courir sans me prendre la
tête, juste pour le plaisir de courir, le paysage, la boue, la sueur, le vent,
la brise, le soleil qui commence à taper, il doit être aux alentours de midi,
je suis dans le rythme que je m’étais fixé, tout va bien.
A l’arrivée, j’ai eu plusieurs surprises.
D’abord, je n’étais pas cassé comme je m’attendais à l’être, ni tant fatigué
que ça. J’ai bien pris le temps de m’étirer, tranquillement. Par contre,
j’avais faim, très faim. Je me suis dirigé vers le centre de ravitaillement où
ils servaient des pâtes bolo, parfait.
En face de moi vint s’asseoir Clément.
« Alors ça s’est bien passé pour
toi ? moi je suis arrivé il y a à peine un quart d’heure. Et toi ?
_ Je ne sais pas, j’ai pas regardé ma montre.
_ Ah bon ?! ça ne t’intéresse pas ton
classement ?
_ Pas vraiment, je voulais juste finir la
course, c’est tout.
_ Ok, bon si ça t’intéresse, j’ai fini en
4h40, classement 440°, facile à retenir.
_ Merci. Félicitations. A la prochaine.
_ A plus. »
Il est parti avec fière allure. Tant mieux pour
lui, toute la rancune s’est effacée pendant la course. Il m’est indifférent
désormais.
Après avoir bien bu, je suis allé au guichet
chercher ma récompense : un tshirt « finisher » et une médaille
pour les 500 premiers. Ah ? c’est agréable. C’est surprenant surtout.
Allons voir ça, je dois être antépénultième pour recevoir cette récompense, soit 498° à
tous le coups.
401ième. Arrivé en 4h15.
Heing ? O_o
Ça veut dire que j’ai quasiment doublé ma
vitesse de course ? en 1 an ? Ça, ça fait vraiment mais alors
VRAIMENT plaisir ! c’est au delà de tout ! ça répare toutes les
blessures narcissiques que j’ai pu avoir dans tout mon cursus ! c’est
énorme ! je suis trop fier de moi là !
Bon, allez, redescendons sur terre, c’était
une petite course, même pas un marathon. Pour la prochaine, il faudra voir ton
niveau. Objectif : plus de 45km.
D’ailleurs, il y en a une dans 3 mois, 65km,
3500m de dénivelé positif…
To be
continued...
Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhh enfin, merci pour cette montée de dopamine, gros bisous mon zombie préférée ;)
RépondreSupprimerBonjour ! or donc, je me disais qu'en guise de carte de voeux, une petite suite serait parfaite ( pour bien tenir un rythme de 2/An ) En tout cas bonne année :)
RépondreSupprimerMerci =)
SupprimerJ'y travaille, j'espère arriver à un rythme de 2 à 4 par an. Bonne année à vous aussi
Alors, est-ce que les patients savent qu'ils font partie d'une thèse ? Peut-être pas s'ils en font parti uniquement en terme de données...
RépondreSupprimerEn tous cas, je sais que durant un examen hospitalier on a pris certaines parties de mon corps en photo, puis on m'a demandé de signer une feuille si j'étais d'accord pour que les clichés soient utilisés dans des congrès de médecine.
merci pour votre commentaire.
SupprimerDe mon temps (il y a 10 ans, quand j'étais externe) il y avait juste placardé à l'entrée du service quelque chose comme : "En entrant ici, abandonnez toute intimité. Votre corps sera exposé aux étudiants et sera l'objet de publication".
Vous avez eu de la chance d'être à la fois informée et d'avoir pu signer un droit à l'image.
Bon, Game of thrones c'est bien, mais on veut la suite maintenant !
RépondreSupprimerJ'y travaille =)
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