mardi 17 janvier 2012

Comment faire rire avec les hémorroïdes

J'ai un très grande amie avec qui je partage beaucoup de choses. Elle est infirmière et s'appelle Milène (prénom fictif, toute ressemblance avec une personne existante est absolument faite exprès). On s'était rencontré à la danse plusieurs années auparavant et puis nous nous sommes perdus de vue pendant presque 5 ans.

L'histoire se passe peu de temps après un placage dégueulasse (cf ici) qui m'avait dévasté. Mes co-internes Pilar et Micheline avaient décidé de me prendre en main(s), de faire de moi un séducteur. Ma première tentative est résumée dans ce billet ci. Malheureusement Yolanda dut retourner au Brésil et je me suis à nouveau retrouvé célibataire.

Peu de temps après, j'ai tenté de faire des rencontres aux soirées internat, et ça s'est soldé...pas vraiment par un échec mais un constat peu flatteur : je peux séduire mais il faut que la fille en face soit à 2g d'alcoolémie (cf ici). L'effet secondaire inattendu a été que j'ai une moitié d'érection à chaque fois que je croise une AX verte.

Pilar et Micheline m'ont fait subtilement comprendre qu'il fallait que je remonte en selle après mes chutes de cheval (comme si la drague était de la chasse à courre...) :
"Georges ! il y a une étudiante infirmière qui est très jolie. Vas-y !!! Chopes-là !!!"
Je vous avez dit, subtil en effet.

J'étais en stage au CHU et j'enchainais les journées sans dormir plus de 5h par nuit. Ce qui fait qu'habituellement, la fin de semaine commençait à se faire ressentir à partir du mercredi midi avec pour conséquence, entre autres, d'énormes cernes sous les yeux. Le matin au réveil, mal rasé, je ressemblais à un panda avec la voix de Barry White.

J'ai appris subrepticement (mes coloc avaient laissé trainer des Cosmo dans les toilettes) que la crème anti-hémorroïdes appliquée sous les yeux était efficace contre les cernes. Sans trop y croire, j'ai essayé pendant quelque temps. Par contre, contre la grosse voix du matin, Cosmo ne m'a apporté aucune aide.

Fort de mon nouveau regard, je me dirige vers l'étudiante infirmière.
"Excuses-moi, je dois examiner le patient (pas vrai, je l'avais déjà fait). C'est toi qui t'occupes de Monsieur Alibi ?
_ Oui c'est moi...mais...euh...
_ Oui ?
_ Georges ?
_...Milène ? Qu'est-ce que tu fais là ?"

Milène travaillait dans la pub, elle n'aimait pas son métier mais aimait la danse. Nous nous étions rencontré dans un cour du soir à l'époque où j'étais externe. Puis, j'ai commencé la quatrième année et je n'ai plus eu le temps de rien faire. Je ne m'attendais pas à la revoir ici.

Je l'ai invité à prendre un verre pour qu'elle me raconte son histoire depuis 5 ans. Elle a fini par quitter son boulot mais ne savait pas quoi faire. Elle a pris une année sabbatique bon gré mal gré, a rencontré les bonnes personnes au bon moment et s'est inscrite à l'école d'infirmières. Elle passait un des stages de sa première année dans mon service.

Restait à savoir une chose : il y a 5 ans, Milène me plaisait déjà mais elle avait un jules. Et maintenant ? J'appris devant le verre que non, qu'elle était célibataire. J'en profitai donc pour l'inviter à regarder ma collection de livres de médecine à la maison (oui je sais, excuse pourrie). Ce qu'elle accepta volontiers.

Sur le canapé, on s'est embrassé, pas longtemps, mais c'était bizarre. De mon côté, j'avais l'impression d'embrasser une cousine germaine. Et elle, je voyais bien qu'il y avait un truc qui clochait. Elle devait rentrer chez elle, elle commençait le boulot tôt le lendemain.

Je n'ai pas eu de nouvelles pendant plusieurs jours, davantage que le nombre nécessaire pour faire naître le manque. Elle m'a appelé, on s'est donné rendez-vous dans un café. Quand on s'est vu, nous nous sommes pris dans les bras l'un de l'autre, ça évite l’ambigüité de choisir entre la bise sur la joue ou sur la bouche.
"Je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelles pendant 10 jours mais j'avais certaines choses à régler...et puis, nous deux...je sais pas...c'était bizarre, un peu comme si j'embrassais un frère.
_ C'est marrant que tu dises ça, j'ai ressenti à peu près la même chose.
_ Alors...just friends ?
_ Just friends, ça me va très bien."

Depuis ce jour, nous avons gardé une forte amitié. Plus tard, elle s'est retrouvée un mec et moi j'ai continué à draguer avec plus ou moins de succès (mais c'est une autre histoire).

Un soir elle m'appelle :
"Georges, j'ai besoin de toi.
_ Qu'est-ce qui se passe ma belle ?
_ Je peux pas t'expliquer. On se retrouve dans un heure au café ?
_ Ok."

Son mec lui tapait sur le système, lui menait la vie dure et elle l'aimait, mais ce soir, c'était trop. Elle avait besoin de changer d'air. On a pris un verre, puis deux, puis trois. On a parlé des heures et des heures. Au bout d'un moment, le bar s'est mis à passer une chanson d'Ella & Louis ce qui est suffisamment rare pour que ce soit relevé et fêté. J'ai donc saisi l'occasion pour la prendre par la main, quitter la table, lui prendre l'autre main, la poser sur ma hanche et commencer à danser au centre du café, au milieu du regard étonné du peu de consommateurs restants à minuit.

Nous dansons joue contre joue, elle finit de pleurer et sèche ses larmes d'un revers de la main, commence à me sourire et me regarde dans les yeux :
"Mon pauvre, tu as l'air fatigué, t'as de grosses cernes.
_ Oui je sais, je n'ai plus de crème contre les hémorroïdes."

Elle a éclaté de rire et s'est remise à pleurer, de rire cette fois-ci, et je l'ai accompagnée de bon cœur.

5 commentaires:

  1. Très très très très très joli billet, je n'ai pas le temps de tout lire en ce moment mais j'ai bien l'intention de fouiller ce blog de fond en comble dès que possible ! Très belle plume, bravo ;)

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  2. ben, c'est vrai... j'ai éclaté de rire!

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  3. Moi aussi je veux des histoires comme ça....

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  4. Bonjour, sympa comme histoire :) Mais plus sérieusement savez vous si on peut tirer bénéfice d'un coussin anti hémorroides pour avoir un soulagement dans la durée? merci à vous de nous faire rire surtout !
    Maria

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